

La découverte du corps de Madeleine avait été rendue publique. L’information n’aurait eu que peu d’importance aux yeux de Naomi si elle n’avait pas choisi de se mêler à ce point de l’enquête sur les enfants disparus. Et voilà que la surveillante des dortoirs était retrouvée morte… Pourquoi ? Toute cette histoire devenait de plus en plus obscure, et l’inquiétude de Naomi s’en ressentait. Déjà un moment qu’elle se sentait suivie. Soit, que ce soit son imagination fertile ou la réalité, elle était donc allée acheter une arme chez Aslak, dans son bien justement nommé magasin Aux armes. Par la même occasion, elle avait croisé – ou entraîné contre son gré – Astan dans sa combine, le prenant comme « protecteur » ou plutôt quelqu’un pouvant créer une diversion. Toute cette enquête commençait donc à mêler plus de monde qu’elle ne le pensait, et elle se retrouvait elle-même dans des situations qu’elle n’aurait pas vraiment imaginées.
Pourquoi y tenait-elle tant, à vrai dire, alors qu’elle se frayait son chemin au tournant des rues, vers l’orphelinat du peuple ? Certains avanceront que depuis le décès de son mari, sa vie était certes devenue d’une platitude ennuyeuse, et que plutôt que de prendre un amant, on s’intéressait aux racontars, ou aux affaires sordides. Naomi n’aimait guère les rumeurs, elle avait donc choisi une quête plus juste. Elle n’avait pas d’enfants, pour autant, elle ne cherchait guère à adopter un gamin abandonné. Non, il faudrait sans doute chercher une autre solution à ses propres mobiles.
L’employée de l’Impérial s’était habillée discrètement pour l’occasion. Elle avait un jour de repos, dû à un trajet éprouvant et particulièrement long, la veille, qu’elle avait conduit, mais plutôt que de se reposer, elle avait préféré continuer son enquête. Continuer ses actions dans l’ombre, si l’on pouvait dire. Elle s’arrêta un bref instant devant la devanture de l’orphelinat, peut-être plus lugubre qu’elle ne l’aurait imaginé. Le Temple d’Aernia non loin aurait pourtant pu faire penser que cela était plus riche. Ou bien ce n’était que dans son esprit…
Une chose était sûre, ce n’était pas la piété du quartier qui empêchait ces enlèvements de pauvres enfants, songea-t-elle.
Elle rentra d’un pas décidé dans l’orphelinat, s’attardant dans l’entrée, ne sachant où aller, ni à qui s’adresser premièrement. Elle avait bien une ébauche de plan, mais cela dépendait de qui voudrait bien répondre à ses questions… Le hall de la bâtisse étant vide, à part le bruit régulier d’une horloge de cuivre dans un coin, elle passa dans la pièce à côté, une sorte de salon d'attente peut-être, à moins que ce ne soit un lieu de réunion pour les enfants ; tombant sur une femme de son âge, qui devait être l’une des personnes s’occupant de l’endroit.
— Excusez-moi… je m’appelle Naomi Sunder. J’ai appris pour votre surveillante, Madeleine. Je vous présente mes condoléances. Que Sarkemos veille sur elle…
Évidemment, on n’aurait pu parler de la surveillante, sans éveiller un air ému, voir un regard embué, chez cette autre femme de l’orphelinat, mais Naomi était décidée à jouer franc-jeu, et d’ailleurs elle détestait l’hypocrisie. En apparence, elle demeurait calme, cordiale, voire douce. Elle ne cherchait nullement à brusquer les gens, préférant user de la gentillesse, pour parvenir à ses fins. La compassion était ce qui la dirigeait, dans cette histoire.
— J’enquête sur les enfants qui ont disparu… J’aurais aimé savoir si vous n’avez aucune information qui aurait pu être utile… si d’autres gens sont peut-être déjà venus vous poser des questions.
Pourquoi y tenait-elle tant, à vrai dire, alors qu’elle se frayait son chemin au tournant des rues, vers l’orphelinat du peuple ? Certains avanceront que depuis le décès de son mari, sa vie était certes devenue d’une platitude ennuyeuse, et que plutôt que de prendre un amant, on s’intéressait aux racontars, ou aux affaires sordides. Naomi n’aimait guère les rumeurs, elle avait donc choisi une quête plus juste. Elle n’avait pas d’enfants, pour autant, elle ne cherchait guère à adopter un gamin abandonné. Non, il faudrait sans doute chercher une autre solution à ses propres mobiles.
L’employée de l’Impérial s’était habillée discrètement pour l’occasion. Elle avait un jour de repos, dû à un trajet éprouvant et particulièrement long, la veille, qu’elle avait conduit, mais plutôt que de se reposer, elle avait préféré continuer son enquête. Continuer ses actions dans l’ombre, si l’on pouvait dire. Elle s’arrêta un bref instant devant la devanture de l’orphelinat, peut-être plus lugubre qu’elle ne l’aurait imaginé. Le Temple d’Aernia non loin aurait pourtant pu faire penser que cela était plus riche. Ou bien ce n’était que dans son esprit…
Une chose était sûre, ce n’était pas la piété du quartier qui empêchait ces enlèvements de pauvres enfants, songea-t-elle.
Elle rentra d’un pas décidé dans l’orphelinat, s’attardant dans l’entrée, ne sachant où aller, ni à qui s’adresser premièrement. Elle avait bien une ébauche de plan, mais cela dépendait de qui voudrait bien répondre à ses questions… Le hall de la bâtisse étant vide, à part le bruit régulier d’une horloge de cuivre dans un coin, elle passa dans la pièce à côté, une sorte de salon d'attente peut-être, à moins que ce ne soit un lieu de réunion pour les enfants ; tombant sur une femme de son âge, qui devait être l’une des personnes s’occupant de l’endroit.
— Excusez-moi… je m’appelle Naomi Sunder. J’ai appris pour votre surveillante, Madeleine. Je vous présente mes condoléances. Que Sarkemos veille sur elle…
Évidemment, on n’aurait pu parler de la surveillante, sans éveiller un air ému, voir un regard embué, chez cette autre femme de l’orphelinat, mais Naomi était décidée à jouer franc-jeu, et d’ailleurs elle détestait l’hypocrisie. En apparence, elle demeurait calme, cordiale, voire douce. Elle ne cherchait nullement à brusquer les gens, préférant user de la gentillesse, pour parvenir à ses fins. La compassion était ce qui la dirigeait, dans cette histoire.
— J’enquête sur les enfants qui ont disparu… J’aurais aimé savoir si vous n’avez aucune information qui aurait pu être utile… si d’autres gens sont peut-être déjà venus vous poser des questions.