Je profitai un peu de ses bras, ses caresses sur mes joues étaient les plus douces qui étaient en ce monde. Je frottai ma joue contre ses doigts alors qu'il me réconfortait. Il finit par se défaire de l'étreinte et remit légèrement en ordre le lieu qui avait été le théâtre de nos ébats. Je souris de façon triste à cela, je n'avais aucune envie que ça s'arrête je l'avouais. Il me tendit finalement le bras et je le pris volontiers. Être à son contact me semblait comme rassurant à présent. Et je rougis à sa remarque et surtout à son sourire. Comment ne pas tomber en émoi devant lui ?
Je sentais mon coeur battre alors que nous marchions vers ma cabine et que nous conversions comme si rien ne s'était passé. Arrivé enfin à destination, il me dit au revoir de la façon la plus galante qui soit et je rentrai à contre-coeur dans ma cabine. Je refermai alors la porte non sans croiser son regard et le soutenir. J'étais à présent seule dans cette pièce qui me semblait si vide et si froide... Je me laissais alors glisser sur le sol contre le battant, regroupant mes jambes contre moi autant que je le pouvais avec cette affreuse robe.
Je restais là quelques minutes, prenant acte de la soirée qui venait de se passer et essayant de redescendre sur terre. L'air frais vint me tirer alors de là et je frissonnai. Je me levai et finis par retirer à nouveau mes vêtements pour me préparer pour la nuit. Cela faisait drôle à présent de les laisser tomber à terre sans sentir ses mains sur moi. Je souris en me sentant si bête de penser toutes ces choses et finis par me mettre au lit. Le sommeil me gagna peu de temps après, effaçant toutes pensées superflues.
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Et comme Nicolas l'avait prédit, il s'arrangeait pour que nous soyons seuls le plus souvent possible. Mais tout cela sans que ça n'éveille les soupçons. Nos mains qui se rencontraient au détour d'une coursive, nos lèvres qui se frôlaient dans une alcôve la nuit tombée, sans oublier nos corps qui chutaient quelques fois dans sa cabine ou la mienne, comblant ce manque qui s'était à présent créé entre nous lorsque nous étions loin l'un de l'autre.
Mais nous gardions toujours une façade impeccable. Au fond, je me sentais un peu traitresse de mentir comme ça aux yeux du monde. Mais nous avions lui et moi compris que nous ne pouvions pas risquer de nous faire prendre. Les gens pouvaient bien jacasser que nous passions du temps ensemble mais ils n'avaient aucune preuve de plus encore. Nous nous mêlions aussi aux autres passagers après tout, comme deux voyageurs normaux.
Mais quelques nuits me paraissaient moins fraiches que d'autres il est vrai. Je ne me sentais même pas honteuse de ces moments passés ensemble. Je les aimais et les chérissais. Et entre ses mains, je devenais moins timide et plus confiante dans mes gestes. Il était certain qu'il m'apprit plus que les différentes parties du bateau pendant cette traversée. Mais à chaque fois qu'il fallait se quitter, c'était toujours ce même creux dans l'estomac que je ressentais. Nous n'osions ni lui ni moi en parler, nous savions que trop bien qu'il n'y avait de toutes façons pas de solutions à tout cela. Et que cela ne durerait que le temps d'un voyage.
La fin du périple d'ailleurs finit par arriver. Cela faisait quelques jours que je me sentais nauséeuse mais je voulu tout de même passer cette ultime et dernière nuit avec lui. Elle fut emplie de passion. Mais aussi de quelques larmes de ma part. Nous ne nous sommes dit ni adieu ni au revoir, nous nous sommes quittés comme nous l'avions toujours fait durant les jours précédents, d'un simple "bonne nuit". Et le lendemain, je débarquai sans même essayer de le trouver ni même lui adresser un regard. Je ne voulais plus y penser, cela aurait été trop dur. Je devais penser à présent à ma nouvelle vie à Ambrosia.
Maintenant que je voyais la ville de mes yeux, un flot d'interrogations me traversait l'esprit. Cela m'aidait à ne plus penser à Nicolas je devais bien l'avouer. J'étais impatiente de voir cette ville et ce qu'elle avait à m'offrir. J'étais curieuse aussi de voir si elle avait changé en huit ans. Et ce fut d'un pas déterminé que je quittai le quai pour me rendre vers mon nouvel environnement, laissant le doux souvenir d'une traversée enchantée derrière moi.