Caractère : « Monsieur Dobremont est un homme froid, totalement distant, ne cherchant ni à plaire, ni à séduire. Il appartient à cette catégorie d’hommes qui ne ressentent pas le besoin de convenir, il est ce qu’il est, à prendre ou à laisser. On dit que c’est pour cela qu’il a été nommé Doyen de l’Université. Ne cherchant point à faire des flatteries, des courbettes, il est homme d’action, intransigeant, efficace, qui, sans même chercher à le vouloir, s’est démarqué des autres potentiels candidats, en ne visant que l’excellence pour son travail et non les flagorneries. Il n’a jamais rencontré la Ministre de l’Education pour favoriser sa candidature ou encore chercher à le faire. Force est de constater que cela a joué plus qu’en sa faveur.

Rien ne s’acquiert d’un claquement de doigt pour ce Monsieur, tout se mérite, il vous faudra faire vos preuves avant qu’il ne concède à vous penser instruit, érudit. Car il est de coutume pour lui de prendre tous les étudiants pour des idiots badinant, et hormis les méritants des bourses concédées avec rigueur, issu des populations basses ou sans argent, il ne voit en la jeunesse que des créatures venues pour s’occuper.

Cependant, une fois que vous avez su lui prouver votre intelligence, votre instruction et tout ce qui va de paire, Monsieur Dobremont aura pour vous un peu plus de considération, sans pour autant montrer un excès quelconque de réaction. « Démonstration » ne fait partie ni de son vocabulaire ni de ses habitudes. Il est hermétique à toute forme d’affection. D’ailleurs, certaines mauvaises langues se demandent même s’il sait ce que tendresse et chaleur humaine signifient. D’autres expliqueront sa froideur, son manque d’empathie par le décès de son père et lui trouveront ainsi une faille émotionnelle touchante. Toutefois, ni les uns ni les autres n’auront raison sans vraiment avoir tort.

Monsieur Dobremont n’a simplement jamais appris les relations humaines, leur préférant de loin les livres.»

Histoire : « Lestan a été un enfant normal, nous avons toujours été une famille simple, son père était peut-être autoritaire voire intransigeant surtout quand il s’agissait de l’école, estimant qu’une bonne éducation était la clef pour son avenir. Mon mari a toujours voulu le mieux pour Lestan. Il désirait que son fils soit instruit. Même si mon époux ne l’a jamais forcé plus que de raison, Lestan a développé une exigence personnelle vis-à-vis de lui-même. Il ne s’est jamais contenté du peu, préférant l’excellence à la médiocrité. Je pense qu’il ne voulait pas lire la déception dans les yeux de son père. Le lien entre le père et le fils pouvait parfois se révéler toxique tant il était fort.

Lestan a grandi et vécu sur les îles du Sud de l’Empire, dans un petit village où l’armée faisait partie de nos vies. Je n’ai jamais été trop au courant de ses histoires d’enfant, Lestan n’était pas cachotier mais il n’était pas expansif préférant le silence aux mots.
Toujours calme et discret, il apprit rapidement la politesse, la courtoise. Nous n’étions pas excessivement riche, nous étions confortable, mais il voyait son père travaillait dur pour cela. Les nombreux soirs où mon mari rentrait tard, littéralement épuisé par les heures passées à son bureau ont marqué notre fils bien plus que je ne l’aurai pensé. Cela a forgé son caractère, lui faisant prendre conscience bien trop tôt que le travail était le seul levier à actionner pour avancer dans la vie.

A l’aube de sa 16ème année, Lestan eut un vilain accident de fiacre, qui lui cassa la jambe en plusieurs endroits. Les médecins de l’île ne furent pas certains de pouvoir arranger cela. Le pessimisme de la Faculté n’eut pas raison de l’opiniâtreté de son père. Celui-ci chercha des solutions et trouva un médecin à la capitale spécialisé dans des innovations ayant pour finalité la réparation de la jambe de notre fils avec des plaques et des vis, nous décidâmes de l’envoyer. Tout était pris en charge, mais mon époux travailla plus durement encore pour pouvoir faire des voyages de notre île à la capitale et ainsi voir son fils assez régulièrement.

Heureusement pour nous, Lestan partagea sa chambre avec un professeur de l’université ambrosienne, qui s’était cassé les deux jambes dans une mauvaise chute. Je suppose que c’est cet homme qui lui donna le goût de l’enseignement.

Lestan garda une très large cicatrice à la jambe et parfois de fortes douleurs, le contraignant à l’utilisation d’une canne pour la marche ou à rester plus souvent assis. Il resta, après sa convalescence chez nous, en contact avec le professeur qui nous proposa de le prendre sous son aile à la capitale pour lui faire suivre les meilleurs enseignements à l’université, une fois qu’il aurait obtenu son diplôme scolaire.

Mon époux accepta mais travailla double pour payer les frais, à l’époque, les bourses au mérite n’existant pas encore. Lestan travailla avec sérieux, rigueur et implication au point de devenir un des plus jeunes enseignants de l’histoire ambrosienne par la suite. A 25 ans, il fut titulaire d’un diplôme d’enseignement supérieur et continua sa course au fil des années. Mon époux ne put voir Lestan devenir Doyen de l’université à ses 33 ans, mort quelques mois plus tôt. Mais il aurait été fier du parcours de son fils, il l’a toujours été, ainsi que de son investissement au sein de l’Education ambrosienne. Lestan ne fut pour autant jamais de ceux cherchant la reconnaissance, il faisait, en suivant la justesse de son comportement et en fut largement récompensé. Aujourd'hui, à 35 ans, il est toujours Doyen de l'Université, et bénéficie des avantages liés à la fonction. Outre le titre de "Sire", il perçoit une pension confortable qui lui permet d'enrichir sa précieuse bibliothèque qu'il chérit au creux de ce logement de fonction
qu'il occupe au cœur de l'Université.

Je ne saurais vous dire l’état d’esprit dans lequel se trouve Lestan, il est un fidèle de l’Empire, faisant partie de ceux qui l’enrichissent et qui en sont fiers, probable que son cœur d’Ambrosien a prié Aernia devant cette triste affaire d’empoisonnement.  »

Divers : La rumeur veut qu’il ait été nommé pour son jeune âge et non ses compétences, il était un des plus jeunes candidats au titre de doyen et l’Impératrice de Choiseul a tendance à prévaloir la jeunesse. C’est une rumeur de médisant.

On le surnomme l’intransigeant, sa réputation le précède, étudiants comme professeurs savent qu’on ne rigole pas avec lui. Cette rumeur est vraie.

On raconte qu’il n’a jamais trouvé de femme à sa hauteur pour légalement s’unir à elle, malgré moultes tentatives maternelles pour avoir des petits enfants à aimer et câliner.