Caractère : Les surnoms sont souvent le reflet de la personnalité de leurs porteurs. Pour Charlotte, il s'agit d'un trait de caractère qui la définit dans son entièreté. La flamboyante n'est pas de celle à rester sagement dans son coin, au contraire, elle est plutôt prompt à donner son avis même lorsque ce dernier n'est pas sollicité. Elle se fait remarquer partout où elle passe par son tempérament explosif et son incapacité à rester en place. C'est une agitée qui aime outrepasser les limites. A son sens, les règles ne sont établies que pour être brisées. Rebelle dans l'âme, elle ne supporte pas les contraintes ni les ordres. Cela lui aura valu quelques ennuis par le passé, mais elle ne s'en formalise pas et continue dans sa quête d'indépendance. Elle souhaite être libre par-dessus tout, ne pas rester enfermée dans une vie qu'on aurait choisie pour elle.

Charlotte affirme son libre arbitre même si elle est coincée dans une société qui l'emprisonne. Même si elle ne possède aucun pouvoir décisionnaire sur sa vie. Ses bravades ne sont que des moyens pour prouver qu'elle n'accepte pas l'ordre établi, qu'elle n'accepte pas qu'on prenne des décisions qui la concerne sans qu'elle ait son mot à dire sur la question. Elle refuse de s'avouer vaincue à la première difficulté et entend bien faire entendre sa voix. Petite fille butée, elle s'entête jusqu'à l'absurdité, incapable de reconnaître ses torts même lorsqu'elle est clairement en faute. Elle ne baisse pas la tête, ne demande pas pardon et ne se remet pas en question. Elle est certaine de son bon droit et de sa légitimité.

Il pourrait lui arriver de se montrer arrogante bien malgré elle, sans qu'elle n'en ait conscience. Elle n'est pourtant pas désagréable au premier abord, elle est plutôt joyeuse et toujours prompt à partir dans un éclat de rire espiègle. Elle aime la vie et elle entend bien la croquer à pleines dents. C'est une jeune femme qui aspire à rire le plus possible, l'amusement est sans doute ce qui anime sa vie. Pourtant, elle n'est pas du genre à rire de tout non plus, tout n'est pas bon à la plaisanterie. Tourner une personne en ridicule ne l'amusera pas, elle n'est pas mesquine, simplement taquine peut-être. Mais pour autant, elle n'est pas du genre à s'attarder sur le tort qu'elle pourrait provoquer aux autres via ses actions, elle est même plutôt égoïste. Elle ne provoquera jamais volontairement le malheur de quelqu'un mais elle n'ira pas non plus aider de son propre chef la première personne en difficulté. La moindre de ses actions est réalisée pour servir son intérêt propre. Elle n'est pas outrancièrement bonne, ni méchante. Elle est relativement indifférente aux autres tant qu'on la laisse vivre sa vie comme elle l'entend.

L'esprit vif et le regard brillant, elle reste une grande observatrice de ce qui l'entoure. Même si elle reste difficilement en place, elle a le don de capter le moindre détail de son environnement. Elle observe avec minutie chaque information et utilise son esprit malin pour tirer les conclusions qui s'imposent. Sa curiosité presque maladive la poussera d'ailleurs à être attentive à la chose la plus insignifiante. Elle a soif de connaissance et, ce, dans tous les domaines. L'information est la clé selon elle. Elle ne gagnera sa liberté qu'en se montrant la plus précise possible. Et la précision s'acquiert avec le savoir. C'est une jeune femme intelligente et elle sait parfaitement l'image qu'elle renvoie d'elle-même.

Ce qu'on pense d'elle ne lui importe pas vraiment. Elle ne cherche pas particulièrement à être aimé, elle souhaite simplement qu'on lui accorde la place qu'elle mérite. Elle est d'ailleurs prête à mettre toute son inventivité au service de son entreprise. Ses frasques variées sont la preuve de son imagination débordante. Chaque nouvelle découverte amène son lot de nouvelles idées. Parfois farfelues et parfois simplement amusantes. Elle n'aime pas la routine des vies bien rangées mais ce qu'elle redoute par-dessus tout, c'est l'enfermement. La sensation d'être emprisonnée dans une cage. Elle rêve de faire tomber les barrières et de casser les barreaux de sa prison dorée.

Histoire :  De Choiseul. Un nom qui résonne avec une certaine signification dans la cité. Mais elle ne fait pas partie de la branche principale, elle n'est pas amenée à briller. Huitième enfant du cousin germain du père de l'impératrice, la seule chose attendue de Charlotte est qu'elle tienne son rang et qu'elle se comporte avec dévotion. Ses parents ne se sont d'ailleurs jamais vraiment occupés d'elle et n'ont pas pris le temps de s'intéresser à elle. Il semble même que sa naissance ne soit rien de plus qu'un accident, ses frères et sœurs étant tous beaucoup plus âgés qu'elle. La plupart ne se sont d'ailleurs jamais préoccupé d'elle, de son avenir ou même du fait qu'elle existe. Enfant délaissée, elle a grandi seule, entourée de ses nourrices.  

La solitude a été son amie la plus proche pendant de nombreuses années, petite dernière, elle ne pouvait plus donner le moindre étonnement à ses parents. La seule façon d'attirer leur attention et de se faire remarquer fut donc de briser les règles établies. Dès son plus jeune âge, elle comprit que le regard des adultes se portaient sur elle dès lors qu'elle se faisait remarquer. Et pour se faire remarquer, il fallait sortir du lot. Elle n'avait pas les adorables fossettes de Mathilde ou le regard envoutant d'Antoine. Elle n'avait pas le plaisir d'être l'aînée tout comme Aliénor ni d'être un homme comme Auguste. Elle ne possédait pas la grâce de Cassandre ou la beauté d'Eugénie. Elle ne pourrait jamais prétendre entrer dans l'armée comme Louis pour représenter fièrement leur nom. Elle n'avait pas non plus la primeur de l'intelligence puisque Ambroise la précédait. Son seul frère qui semblait lui porter un minimum d'attention. Le plus jeune après elle.

Leurs cinq ans d'écart ne semblaient pas exister lorsqu'ils étaient ensemble. Et pourtant, ils étaient bien présents. Il avait été son pilier, son point d'ancrage pendant sa petite enfance. Le seul à se soucier d'elle et à se rappeler qu'elle existait. Le seul à tenter de prendre sa défense quand elle faisait des erreurs. Jusqu'à ce qu'elle estime que ce n'était pas important. Jusqu'à ce qu'elle décide de ne pas devenir la fille parfaite qu'on attendait d'elle. Charlotte ne serait pas ce qu'on attendait d'elle, elle refusait de se laisser enfermer dans une vie toute tracée. Elle souhaitait vivre pour elle. Pourtant au début, elle avait fortement recherché l'approbation parentale.

Elle voulait être spéciale à leurs yeux, elle voulait qu'ils la voient au milieu de tous les autres. La turbulence fut son angle d'attaque. Si ce n'était pas son comportement exemplaire qui ferait parler d'elle alors ce serait ses mauvaises actions. Toutes les bêtises qu'elle pouvait inventer au fil de ses envies. Manger toutes les confiseries préférées de sa mère. Renverser le tabac de son père par la fenêtre ouverte. Tant de petites frasques qui lui valurent des punitions et des remontrances. Mais elle continua à repousser les limites encore et toujours. Au point que cela relevait presque du défi de trouver la chose qui les énerverait le plus. Ce qui les pousserait hors d'eux.

Mais malgré cela, ils n'avaient jamais le temps pour elle, elle n'avait rien de plus à leur apporter que ce que les autres donnaient déjà. Elle ne serait pas celle qui leur permettrait de rester au centre des intrigues politiques. Ils possédaient déjà de nombreuses alliances avec le mariage de leurs autres filles. La seule chose qu'ils pouvaient faire d'elle semblait être de la faire rentrer à l'école du temple pour qu'elle devienne prêtresse d'Aernia. Ce n'était pas ce à quoi elle aspirait, loin de là même. Elle ne se sentait pas de vivre enfermée toute sa vie dans une dévotion qu'elle ne ressentait pas pleinement. Elle croyait parce que c'était la chose à faire, parce que c'était ce qu'on lui avait inculqué mais rien qui ne justifiait à ses yeux de vouer sa vie à une déesse.

C'est donc contrainte, qu'elle intégra l'école du temple à ses douze ans. Ce fut l'un des pires moment de sa vie. Elle vit les portes de l'école se refermer sur elle avec une profonde horreur. Toute l'injustice de sa situation lui apparut à ce moment-là et elle se jura de tout faire pour sortir de cet enfer. Elle refusait qu'on lui impose quoique ce soit et encore moins qu'on lui impose la voix qu'elle suivrait pour le restant de son existence. Elle avait pourtant hurlé de toute la force de ses poumons qu'elle refusait de devenir une prêtresse, ils ne changèrent pas d'avis. Même Ambroise, son frère chéri, tenta de prendre sa défense, d'argumenter en sa faveur mais rien n'y fit.

La rage au ventre, elle commença son apprentissage. Les failles du système s'imposèrent bientôt à elle et son côté bravache reprit le dessus. Ils souhaitaient la garder enfermée ? Très bien mais elle ne se laisserait pas faire sans lutter. Chaque prétexte fut bon pour qu'elle multiplie les bravades. Elle restait polie, ne faisant jamais rien de honteux pour son rang, elle restait décente. Mais elle repoussait les limites et la patience de ses professeurs encore et toujours. Cela lui sembla fort amusant de faire entrer une horde de chiens errants dans le temple en pleine prière. Ou de crier au feu dans les dortoirs en pleine nuit. Faisant sortir tout le monde dans la panique la plus totale sous son regard goguenard.

Par trois fois, elle réussit à se faire exclure. Par trois fois, elle atteint son but et par deux fois, son père réussit à lui faire réintégrer l'école. Son désespoir grandissant un peu plus à chaque fois. La troisième fois, il sembla comprendre que rien ne pourrait l'empêcher de recommencer et il sembla abandonner définitivement l'idée de la voir devenir prêtresse. Elle avait gagné une victoire mais le chemin jusqu'à la liberté était encore long. Ses libertés furent drastiquement diminuées et ses parents se montrèrent beaucoup plus sévères. La privant d'un confort qu'elle avait pourtant l'habitude de recevoir. Toutefois cela ne l'arrêta pas. Elle avait été trop loin pour s'arrêter maintenant. Elle souhaitait imposer son indépendance et faire entendre pleinement sa voix.

Par désespoir et ne sachant plus que faire de leur dernière fille, trop rebelle, pour qu'ils puissent la voir devenir prêtresse, ils décidèrent de la marier. Ce fut la trahison de plus aux yeux de la jeune Charlotte. Elle refusait d'être vendu de la sorte, refusait qu'on choisisse pour elle l'homme qu'elle épouserait. Elle tempêta et imposa sa volonté de liberté tant et si bien qu'elle découragea la famille d'Aigresang. Multipliant les frasques pour qu'ils se refusent de lier leur famille à la sienne. Se montrant provoquante par ses paroles et ses actions. Son plus gros coup d'éclat fut à l'aube de ses dix-neuf ans, elle sortit en pleine tempête dans la campagne environnante pour une longue chevauchée. L'eau ruisselait sur ses vêtements, le froid transit son corps jusqu'aux os et de la fumée s'éleva du corps chaud de son cheval. Mais cela ne l'arrêta pas, elle alla aussi loin qu'elle le put, bravant l'interdiction de sortie de ses parents. Elle irait aussi loin que les jambes de son cheval l'emporterait.

Gagnée par l'épuisement et prise par la conscience qu'elle n'avait nulle part où aller, elle finit par faire demi-tour et rentrer au manoir. L'accueil et la remontrance qu'elle reçut furent à la hauteur de sa faute. Mais la punition divine sembla s'abattre sur elle en complément puisque son escapade lui coûta sa santé. Elle contracta une forme particulièrement virulente de Tuberculose. Elle resta alitée de longs mois, foudroyée par une forte fièvre et de nombreuses sueurs nocturnes. Sa poitrine était douloureuse, sa respiration difficile et ses quintes de toux particulièrement violentes. Et la fatigue qui l'envahissait semblait insurmontable. Elle connut des périodes où elle put quitter le lit, reprendre une vie presque normale. Jusqu'à la rechute. Le sang dans ses mouchoirs alors qu'elle avait l'impression de cracher ses poumons sous la puissance de sa toux. Et la faiblesse qui l'envahissait, terrible.

Ses parents l'envoyèrent faire plusieurs séjours en sanatorium. Ce fut l'enfer sur terre. L'enfermement dans cet endroit lugubre, privée de toute liberté et de tout espoir. La solitude ne lui avait jamais autant coûté, elle qui avait pourtant l'habitude d'être seule connut une nouvelle forme d'isolement. Sortir de cet endroit était sa nouvelle raison d'être, malgré sa faiblesse physique, elle prenait sur elle pour à chaque fois se remettre le plus rapidement possible. Et chaque nouvel internement la traumatisait un peu plus chaque fois. Elle ne semblait pas voir le bout de sa maladie et ses parents ne savaient plus quoi faire pour soulager son mal. Il lui sembla que pour la première fois, ils s'inquiétaient réellement pour elle après une nouvelle rechute plus violente que les autres. La fièvre la faisait délirer, sa respiration était rauque et chaque inspiration semblait lui coûter. Sa poitrine n'avait jamais été aussi douloureuse.

La fin semblait être plus proche qu'il n'y paraissait. C'était tellement injuste, elle n'avait rien vécu jusqu'à présent. Elle était trop jeune pour mourir. Ambroise convainquit leurs parents de faire un don au temple de Metil. Dans un geste désespéré, ils consentirent à verser une somme faramineuse pour espérer la guérison de leur fille. Et contre toute attente, l'improbable se réalisa. Moins d'une semaine après leur généreuse offrande, Charlotte fut totalement guérie. Plus de sang dans la toux, plus de douleurs dans la poitrine, plus de respiration sifflante. Elle se portait comme un charme, excepté une faiblesse physique toute naturelle après cinq années de maladie.

Toutefois cet épisode laissa plus de traces qu'il n'y paraissait. Si son esprit vif et son haut parlé restèrent intacts, tout comme sa nature provocatrice, elle constata rapidement qu'elle se fatiguait beaucoup plus vite qu'avant et que son corps avait perdu en force. Elle n'était plus qu'une chose fragile sans la moindre once de force dans les jambes ou les bras. Et ses cauchemars terminaient de l'affaiblir encore davantage. La terreur du sanatorium revenait la hanter chaque nuit. Elle revoyait la chambre, petite et sombre, et surtout la porte résolument clause. Elle aurait été enfermée dans un asile qu'elle aurait ressenti les mêmes sentiments. Elle n'était pas faite pour être muselée ou enfermée. Il fallait qu'elle trouve la force de se libérer de toutes ses chaînes. Comme si le temps semblait s'être arrêté au début de sa maladie et qu'il reprenait son cours. Tous les projets en suspent de l'époque semblait revenir à l'ordre du jour.

Son mariage avec Claudius d'Aigresang semblait encore plus d'actualité que jamais. Et surtout... elle venait de se voir attribuer un tuteur qui ne lui disait rien de bon. Elle n'avait pas été oubliée, il fallait qu'elle passe trois ans comme pupille, trois ans supplémentaires à obéir aux ordres. Mais une fois encore, elle n'avait pas dit son dernier mot. Raimond Beauregard ne savait pas encore à qui il avait à faire, mais il ne tarderait pas à le découvrir. Foi de Charlotte De Choiseul.
 

Divers :  
427 : Entre à l'école du temple
432 : Expulsion définitive de l'école du temple
433 : Fiançailles forcées avec Claudius d'Aigresang
434 : Contracte la Tuberculose
Printemps 439 : Guérit miraculeusement de la tuberculose.
Automne 439 :  Devient la pupille de Raimond Beauregard